vendredi 14 octobre 2011

Un vendredi à la campagne

Tu es partie à la campagne pour le weekend Annie? Moi, j'y suis allée aujourd'hui.

Il ne faisait pas très beau quand on s'est levés ce matin. Il pleuvait. En regardant par la fenêtre, ma fille m'a dit: "Tu sais, maman, à l'école, on a étudié le cycle de l'eau." L'eau sur le sol qui s'évapore qui monte former les nuages qui éclatent sous les tonnerres et les éclairs que tombe la pluie sur le sol.

Un éternel recommencement.

Après déjeuner, on s'est préparés en vitesse, on était déjà en retard. On l'était encore plus quand on a pris place dans la voiture, de mauvaise humeur. Sur l'autoroute, j'avais l'impression qu'on fonçait dans le gris du ciel. Mais il y a quand même eu quelques éclaircis. Des faisceaux de lumière transperçaient les nuages comme si le soleil étirait ses jambes vers le sol.

Quand on est arrivés au monastère, la messe était déjà commencée. Les chants harmonieux des célébrants auraient dû nous apaiser tout de suite, sauf que les petits gars étaient fatigants. Ça gigote ces affaires-là, surtout quand il ne faut pas. Je me suis dit que ma soeur R. avait eu une foutue de bonne idée de ne pas emmener les siens d'enfants quand mon homme a dû sortir se balader pour sauver notre honneur familial.

Recueillement.

Quand on est entrés dans la petite chapelle, il pleuvait encore. Pas fort, mais quand même. Le père G. a parlé. D'autres personnes ont aussi parlé. Et puis, on a pleuré aussi, bien sûr. Larmes de tristesse et d'espérance. Larmes d'amour et de solidarité. Larmes de soulagement.

On était là pour dire au revoir à Gabriel, presque un an après son bref passage parmi nous.

"Je ne voulais pas vous regarder pleurer, m'a dit Victor. J'avais trop peur de pleurer moi aussi."

"C'est pas grave pleurer, mon gars. Parce qu'après, on se sent mieux."

"Après, on rit?"

"On peut même pleurer de rire."

Cycle de l'eau. Cycle des larmes.

Autour de l'endroit où on a mis en terre mon petit neveu, les enfants ont posé toutes sortes de questions. Je leur avais déjà tout expliqué: la cérémonie, l'enterrement, la petite boîte, les cendres, mais il faut croire qu'ils avaient encore envie d'en parler. Un éternel recommencement. Ça faisait du bien de tout répéter.

J'étais contente qu'ils soient là finalement.

Sur le chemin du retour, le ciel était encore couvert, mais ça me semblait un peu moins gris. Sur les montagnes qui nous entouraient, on voyait une brume blanche s'élever vers le ciel. C'était beau.

Et ce soir, j'ai dans mon lit la petite A., le bébé fille d'une autre soeur partie gagnée sa vie pour quelques heures. Petite née cet été apaiser nos coeurs. Quelle chance j'ai d'être entourée de ces précieux bébés. Ceux que j'ai portés dans mon ventre, ceux que je peux porter dans mes bras et ceux que je pourrai à jamais porter dans mon coeur.

Cycle de l'eau. Cycle des larmes. Cycle de vie.

Un éternel et apaisant recommencement.

4 commentaires:

Une femme libre a dit…

Une belle écriture poétique et sensible. J'aime.

Madeleine a dit…

Merci femme libre!

Annie a dit…

Oui, c'est très beau ton texte Madeleine. Je ressens exactement comment ça pu être...

Joëlle Lemire a dit…

Louange à toi Madeleine, tes mots apaisants tendent vers la sérénité et l'acceptation, si peu que ce soit.