vendredi 2 juillet 2010

L'accident

Mon fils s'est blessé.
Rien de grave, mais ça nous a quand même permis de passer quatre heures dans un CLSC.

Nous sommes arrivés à 11h13. Déjà à l'accueil, on nous avertissait: deux heures et demi d'attente. Alors en bonne mère de famille je calcule. Si nous sommes chanceux, nous serons sortis vers 13h, donc on pourra toujours dîner, donc ce n'est pas si mal.

La vie ne se passe jamais comme dans mes calculs.

Bien vite, il était 13h30 et nous étions toujours en salle d'isolement mon fils et moi, couchés dans un petit lit en attendant de voir le médecin.

Et nous avions faim.

Oui, je sais bien que nous n'étions pas au restaurant. Non, je ne souhaitais pas que les infirmières de CLSC se transforment en maître d'hôtel et nous servent le repas 4 étoiles.

Sauf que.


D'une façon générale, les instances politico-administratives et les médecins accordent une importance limitée aux méthodes de restauration. Or, la restauration n'est pas qu'une fonction hôtelière et l'alimentation servie
fait partie du traitement clinique.

- Alimentation et soins nutritionnels dans les hôpitaux: comment prévenir la dénutrition

Couchée près de mon fils dans les vaps, j'ai fantasmé sur un verre de jus de pomme. Des noix. Un morceau de fromage. Me semble que l'attente aurait été plus douce. Mon fils aurait quitté son état de somnolence. Ça aurait donné un peu d'énergie à son petit corps qui en avait bien besoin.

De mon côté, ce don de nourriture, aussi frugale aurait-elle été, me serait apparu, bien au-delà des soins, d'une profonde et touchante humanité.

Du Moyen Age à la fin du XVIIIe siècle, l'hôpital est administré par des communautés monastiques. «L'alimentation est sobre mais réparatrice. C'est une alimentation spiritualisée, c'est-à-dire déconnectée autant que possible de la sensualité de la consommation. Mais il s'y rajoute une dimension spécifique: le don de la nourriture aux malades représente l'acte de charité par excellence. Il est donc généreux».

- Libération, L'hôpital conté par les menus

Octobre 2001, 20:39, CHU-St-Luc.
Je viens de donner naissance à mon premier bébé. Je suis au sommet du monde et j'ai faim! Déjà que j'avais dû manger en cachette pendant le travail... On me dit que l'heure des repas est depuis longtemps terminée. Mon chum insiste. On nous expliquera bien qu'on nous fait une faveur en nous apportant un gruau et un verre de lait.

Gruau qui expliquera à lui seul la naissance à la maison de mes trois autres babes. Après tout, Madeleine avait bien eu droit à du Commensal à la maison de naissance! Qu'est-ce qu'ils avaient compris là-bas qui échappait tant à un grand hôpital universitaire?

Seriez-vous capable de nourrir votre famille ? trois repas et deux collations ?
pour à peine plus de 4 $ par personne par jour? Des centres d'hébergement
québécois le font.

- Le Soleil, Manger mal à l'hôpital: de bien maigres budgets

Les hôpitaux. Les malades. Ça me fait penser aux vieux tiens.

J'étais quand même triste pour Albi. Préoccupée. Je trouvais soudainement ses yeux beaucoup trop grands pour son petits visage pâlotte. Son petit bras inerte bien trop frêle pour un quatre ans.

Au sortir du CLSC, mes parents, qui étaient avec les trois autres, nous avait gardé du poulet. Avec des frites et de la sauce BBQ. Je veux dire, gardé au four pendant au moins deux heures.

Ben je vais vous dire. C'est lorsque j'ai vu mon Albi déchiquetter cette cuisse en faisant plein de bruits de bouche que j'ai su que toute cette mésaventure était bel bien derrière lui. La sauce qui coulait sur son menton me montrait qu'il était déjà loin sur la voie du rétablissement.

3 commentaires:

Manon a dit…

À mon premier accouchement je n'avais pas idée pour la bouffe de l'hopital...

Au 2e, au 3e et au 4e accouchement j'avais un sac à dos réservé uniquement pour la nourriture pour mes repas et collations. Je savais que je fantasmerais de fruits frais, de fromage, de noix. Je me disais pourquoi mettre tant d'emphase sur l'allaitement maternelle, mais laisser la mère crever de faim durant le séjour? Me semble que ça n'a pas de logique... mais ça n'a pas de logique tout cour les repas à l'hôpital tout simplement...

Rosemarie a dit…

La bonne bouffe et le réconfort, ça va ensemble. Et, comme tu le dis si bien Annie, pas besoin de donner des choses compliquées à manger pour réconforter une personne malade. C'est le genre de fait que je ne comprends pas du tout: le problème est gros de conséquences et, pourtant, la solution est toute simple.

Rosemarie a dit…

La bonne bouffe et le réconfort, ça va ensemble. Et, comme tu le dis si bien Annie, pas besoin de donner des choses compliquées à manger pour réconforter une personne malade. C'est le genre de fait que je ne comprends pas du tout: le problème est gros de conséquences et, pourtant, la solution est toute simple.