vendredi 30 juillet 2010

Viens pou-poule


Tu as vu la nouvelle, Annie?

Mon quartier, Rosemont-Petite-Patrie, étudie sérieusement la possibilité de permettre à des citoyens de garder des poules pondeuses. On peut lire la nouvelle ici ou encore ici (remarque le titre: poules pilotes). On peut d'ailleurs signer une pétition ici.


Quand mon homme en a parlé à la table hier soir, les enfants sont tout de suite devenus excités. Des poules, dans notre cour?


Je ne sais pas trop ce que je pense de cette histoire, à vrai dire. Au fond, je m'en fous un peu que mes voisins gardent des poules, dans la mesure où ils s'en occupent, mais je ne suis pas certaine que j'en veux, moi, des poules. D'accord pour les oeufs frais, mais on fait quoi avec l'hiver? Et puis, si on part en vacances? Déjà, on a du mal à prendre soin de nos poissons...


Mon homme, lui, est définitivement contre. Et comme il a grandi à la campagne, parmi les cochons, les lapins, les vaches et les poules, je suis comme obligée de me ranger derrière son expertise.


Mais bon, si toi, Annie, tu gardes des poules, je veux bien aller te chercher quelques oeufs, de temps en temps. Je les paierais! Et je pourrais me rendre facilement chez toi, parce que, tu vois, si tu veux vraiment des poules, faudra que tu deviennes ma voisine.


C'est comme ça.

mercredi 28 juillet 2010

La limonade

Hier, j'ai acheté 10 gros citrons
pour 3 petits $.
C'est l'été. Rythme différent. Farniente.
En après-midi, je retrouve mes deux petits endormis à divers endroits de la maison.
Par exemple comme ça, dans leur chambre pleine de soleil. Je baisse la toile. Je respire dans son cou. Je le sens.
Ma minette s'endort sur le sofa. Je la transporte dans mon lit. Poupée molle qui sent le pain chaud. La sieste à l'heure d'été est la plus douce.
Avec mes citrons, en secret, j'ai fait un sirop pour de la limonade à l'ancienne.

Sirop de citron

1 1/2 de jus de citron
1 1/2 de sucre
1 1/2 d'eau
zest d'un ou deux citrons

Porter l'eau et le sucre à ébulition. Ajouter le zest. Laisser bouillir environ 5 minutes. Laisser refroidir puis ajouter le jus des citrons. Placer au frais. Pour faire la limonade, ajouter le sirop à de l'eau fraîche, au goût. Servir avec des glaçons. Le sirop se conserve au frigo pendant environ trois semaines.

J'ai placé mon sirop dans une bouteille en verre et après la sieste je leur ai servi de la limonade dans des verres givrés de glace.

Ils buvaient à petites gorgées en gloussant. Du coup l'impression d'un après-midi qui s'étire comme un chat dans un rayon de soleil.

Qui aurait crû que 3$ pouvaient contenir autant de bonheur?

lundi 26 juillet 2010

Choisir sa viande

Elle ne fait pas très 1950 finalement.
Mais voici la fameuse photo.
Photo: Réjean Poudrette

Une partie de l'article est ici. Pour la version complète, il faut le Protégez-vous qui est en ce moment en kiosque.

La journaliste me disait qu'au final, ce dossier lui avait donné du fil à retordre. Difficile d'avoir un portrait juste de la situation. Elle en conclu que les choix alimentaires des consommateurs (au-delà du simple accès à la nourriture) relèvent en premier lieu de nos valeurs et nos convictions.

C'est vrai. Et c'est un peu dommage quand même que cela repose sur les épaules de tout un chacun. Et si on se permettait de rêver collectivement à un autre type d'organisation de l'agriculture?

Je veux dire, les subvention aux producteurs de porc par exemple, ce n'est pas un choix individuel, ça fait partie d'une vision politique, non? Eh bien pourquoi celle-là plus qu'une autre?

Elle m'a aussi suggéré des lectures. Je partirai avec au moins un de ces titres en vacances alors on aura peut-être bien l'occasion de s'en reparler.

The Omnivore Dilemma de Michael Pollan.
The Compassionate Carnivore, de Catherine Friend
Eating Animals, de Jonathan Foer

vendredi 23 juillet 2010

La nageuse

Puisque tu parles de course à pied.
Je nage depuis toujours. J'aime être dans l'eau. Vraiment. Beaucoup. Ouais, autant que ça et même plus.

Moi lors d'une p'tite saucette

Cependant depuis quelques semaines, bin je cours.

Je ne voulais pas courir. Je n'ai jamais voulu courir. À propos de la course à pied, je partage plutôt l'avis de Neil Armstrong. Tout ça m'inquiète même un peu. Beaucoup. Sans compter qu'on ne sait jamais ce qui peut arriver pendant un jogging et que mon chum pourrait le prendre personnel.

Mais voilà.

Avec les beaux jours, les enfants en vacances et mon horaire de travail différent, c'est moins facile d'aller s'enfermer quatre heures par semaine dans une piscine intérieure. Alors un bon matin, j'ai pris mon Ipod et mes runnings et au lieu d'aller marcher, je me suis mise à courir.

Au fond, peut-être que je ne cours pas vraiment non plus. Avec mes 10 km par semaine, on se moquerait de moi dans ton club de course.

Autant je peux enfiler avec aisance les heures à nager à pleine puissance, autant mes quelques milliers de mètres de course me tuent. Un combat constant contre moi-même.

Un marathonien d'expérience me disait qu'il courait avec plaisir une heure. Le reste n'étant que souffrance. Je ne sais trop s'il pensait m'encourager. Décidemment, quelque chose m'échappe et je ne suis pas certaine de vouloir comprendre.

Reste que je cours quand même. Juste pour voir jusqu'où je peux aller. Et en combien de temps.

Sauf que depuis que je cours, j'ai pris 3 kilos! Alors du coup, ça ne va plus. Je n'ai pas envie de prendre quelques kilos. Pas envie du tout. Je ne fais pas d'exercise pour perdre du poids, de toute façon, ça ne marche pas comme ça. Mais quand même!

Je tombe dans le piège de la faim. J'ai bien essayé de courir le matin. Ou avant mes repas. Ou tout de suite après. Ou en milieu d'après-midi.

J'ai faim, que veux-tu.

Fait chier.

Reste que je cours quand même.
Jusqu'à ce que les gars retournent à l'école, que je reprenne mon horaire habituel, qu'il se mette à faire un peu moins beau et que se dégagent quatre belles heures où l'appel de l'eau sera
plus
fort
que
tout
.

mercredi 21 juillet 2010

Le jour le plus reposant de la semaine

Annie, toi, en saison régulière, tu manges seule trois fois par semaine? Moi, c’est une fois. Le mardi.

Pendant que l’homme sert le repas que j’ai préparé, moi, je me sauve, oui, à toutes jambes. Je me sauve à mon club de course.

Je ne fais pas de jogging. Je cours. Pas bien vite, mais quand même, 4 fois semaine pour un total de 40 km. L’avantage de ce sport est qu’il se pratique partout, en tout temps, en toute condition. Parfait pour moi qui doit négocier avec des horaires chargés. Deux fois semaine, je cours le soir, après le coucher des enfants. Le dimanche, je cours avant que tout le monde se lève. Mais le mardi, c’est mon soir à moi. Le soir le plus reposant de la semaine.

Je sais, je sais. C’est étrange de dire ça. Tu ne trouves pas ça fatigant courir, Madeleine? Si ce n’est pas fatigant, peut-être que c’est parce que tu ne cours pas assez vite? Oui, c’est vrai. C’est fatigant physiquement. Mais tellement reposant mentalement.

Dans cette vie quotidienne, je prends constamment des décisions, pour moi-même et pour les autres : quoi manger pour souper, quoi acheter à l’épicerie, quand laver le plancher, bref, tu vois où je veux en venir. Mais à l’entraînement du club, je ne décide rien, je fais ce qu’on me dit. Quand le coach dit de courir 400 mètres en 1 min et 45 sec., c’est ce que je fais, sans me poser de question. Quand il dit de faire des sprints, ben j’en fais. Je ne m’obstine pas. Je ne discute pas. Je ne réfléchis pas. Je cours. Même pas besoin de me motiver, les autres le font pour moi. Cours plus vite Madeleine. Cours moins vite Madeleine. J’écoute et j’obéis.

Ça me fait un bien fou, tu ne peux pas savoir, de ne rien décider comme ça. Ça recharge mes batteries. C’est comme prendre des vacances loin, loin. Enfin, presque.

Quand c’est terminé, je rentre. Habituellement, les enfants sont couchés. La cuisine est un peu bordélique, mais on s’en fout. Je suis zen. Je ramasse le plus gros puis je saute dans la douche. Après, et bien, je suis af-fa-mée. Sur la table, ma place est encore mise. Je ramasse mon assiette, je me sers et je réchauffe au micro-onde. Et j'apporte le plat et un grand verre d'eau devant la télé.

C'est très chouette.

J’adore la course, Annie, et j’adore les mardis.

vendredi 16 juillet 2010

Tête à tête (AJOUT)



L'autre soir,
nous sommes sortis en amoureux.Sortis comme dans, oui, oui, sans les enfants. J'avais mis une belle robe et je suis allée rejoindre mon amoureux au centre-ville. Nous sommes allés manger au 5e péché et c'était bon en ta.

Cidre de glace
Foie gras
Ris de veau
Truite
Vin bio
Ganache de chocolat 70%

On se tenait la main en mangeant (ben pour la photo là) et on discutait de toutes sortes de choses. Comme
les enfants
notre travail
les enfants
nos vacances
les enfants
nos projets
les enfants
et plein d'autres affaires comme ça.

Justement, pour leur faire plaisir, je leur avais cuisiné un super plat de pâtes aux saucisses italiennes aux enfants. Avec des bleuets pour dessert.

Malgré tout, dans l'après-midi quand il m'a vu repasser ma belle robe, Ulysse m'a crié:
"VOUS N'AIMEZ PAS VRAIMENT VOS ENFANTS PARCE QUE VOUS ALLEZ AU RESTAUTRANT SANS EUX!"
C'est ça.
Cause toujours mon loup, j'ai un rendez-vous galant avec ton père.


Madeleine ajoute

Ah ben! Tu parles. Quel hasard! On est nous aussi sortis au resto.


Mais avec tous les enfants. Je veux dire, tous les nôtres, plus tous les autres enfants qui ont participé au camp de hockey de Victor, pour fêter la fin du camp, justement.

On est allés à la très chouette Cage aux sports. Une ambiance du tonnerre, je te dis pas. Des écrans à chaque détour du regard, du popcorn partout par terre. Et puis la bouffe. In-com-pa-ra-ble. À tous ceux qui aiment leurs hamburgers vraiment très très bien cuits, je recommande fortement.

Nous aussi, on s'est tenus la main en se disant: "Lâche pas chéri(e), c'est presque terminé."

Pas très longtemps, par contre, puisqu'il fallait aussi gérer des convives qui grimpent sur la table.




Et pour la conversation, je veux dire, quand on arrivait à s'entendre par dessus la musique pop, les sirènes, les cris et la confusion générale des enfants qui courent partout, on s'est dit:

C'est vraiment la dernière fois qu'on sort avec eux.
Faut qu'on les aime pour avoir viré jusqu'ici un vendredi soir.
As-tu vu la facture ???!!!!???

La prochaine fois, je fais comme toi. Je les abandonne à leur sort et à un plat de pâtes, et je sors en jolie robe pour un rendez-vous galant avec mon homme.

Mais en tous cas, mes enfants, eux, je ne les ai pas entendu se plaindre qu'ils n'étaient pas aimés.

Je dis ça d'même.

mercredi 14 juillet 2010

Tous les jours, vers 16h30, après ma journée de boulot...

J’entre dans ma cuisine bleue.

Sur la table, il y a les assiettes du déjeuner, et autour, des chaises déplacées, un comptoir et un évier plein de vaisselle sale, un plancher parsemé de bouts de pain, avec un ou deux splatchs de lait. Toujours à peu près la même chose, selon que l’épreuve du matin ait été plus ou moins chaotique pour mon homme qui gère notre petit monde seul alors que je suis partie depuis longtemps au bureau. (Dans ce temps-là, on pare à l’essentiel.)


C'est le moment le plus décourageant de ma journée.


J’inspire profondément, je revêts mon tablier puis je me mets au boulot. J’avance vite et bien. Je vide le lave-vaisselle, je remplis le lave-vaisselle, je coupe mes légumes et pendant que ça mijote, je fais la vaisselle, je nettoie les comptoirs et la table, je passe le balai, je demande aux plus vieux de mettre la table.

Quand mon homme arrive avec les petits, le souper est prêt, une jolie table est mise et je me sens comme une bonne ménagère des années 50. Bon feeling. Oui, j’aime ça.


À table!


Les voilà qui se ruent dans la cuisine comme des bêtes sauvages. On mange, on rit, on se dispute, on discute. Trente minutes plus tard, tout au plus, c’est terminé.

Ma belle table est à nouveau pleine d’assiettes sales. Il y a au moins un verre renversé. Des chaises toutes croches. Un évier plein à craquer.


Profonde inspiration.


Tout en gérant les douches et les bains, mon homme et moi, on vide la table, on remplit le lave-vaisselle, on fait la vaisselle, on met les restants dans des plats Tupperware, on nettoie la table et les comptoirs, on passe le balai, et si on est bien vaillants, un petit coup de moppe sur le plancher et je termine ça en faisant briller mon évier.

Et puis, là, j’accroche mon tablier, je tamise les lumières sur ma cuisine nette.

C’est le moment le plus satisfaisant de ma journée. J’ai alors un grand sentiment d’accomplissement. J’ai réussi une autre journée. J’ai fait ce que j’avais à faire. J'ai gagné de l'argent pour mettre du pain et du beurre sur la table. J'ai nourri mon monde et maintenant, mes enfants sont propres, heureux, repus, grâce à moi, grâce à nous.

Et puis, ma cuisine, elle va rester en ordre...

toute

la

nuit.
C'est ça que j'aurais dû répondre, Annie, à ton billet sur le bonheur.

lundi 12 juillet 2010

Les invités

Est-ce que ça vous arrive encore d'être invités?
Invités pour vrai là. Avec la smala. Pour le souper pis toute.

Je veux dire, chez des gens qui n'ont pas un cheptel d'enfants?

Parce que généralement, entre propriétaires de cheptels, on se fréquente allégrement. J'avoue par exemple que pour les couples qui n'ont pas d'enfants, ou un ou deux, la perspective de voir arriver un troupeau peut freiner quelques ardeurs de garden party.

Nous oui, ça nous arrive.

Le frère de mon chum par exemple. Il ose encore nous inviter. Chez sa blonde qui a un fils en garde partagée.

Quand on est invité pour vrai là, une partie de moi va crier "Oh! Joie" et l'autre va quand même rester assez méfiante tu vois. Ouan, cette partie là qui sait exactement de quoi son troupeau peut avoir l'air quand il s'en donne la peine...

Hier je les avais tous mis propres. Mes gars était coiffés et j'avais mis une robe soleil blanche à Blanche. L'effet était plutôt réussi de les voir tous comme ça en ordre de grandeur sur un perron de banlieue à cogner à la porte de leur oncle pendant que mon chum et moi suivions en se tennant par la main.

Ça, c'était la partie "Oh! Joie!"

Ensuite ben, ça devient un peu flou. Tsé, à partir du moment où tu les vois s'engouffrer tel des bêtes apercevant leur mangeoire?
- Blanche, ne touche pas aux bibelots!

- On ne grimpe pas sur les sofas!

- Chéri, j'entends pleurer en bas...

- Je ne suis pas certaine que David aimerait vous voir
jouer avec ses modèles réduits...


- Ne t'approche pas trop du BBQ ma belle.

- Je compte sur vous pour manger proprement.

- Aurais-tu une petite débarbouilette pour que j'étende
encore plus le dégât de crème glacée au chocolat que Blanche a fait sur sa robe
soleil?


- Qu'est-ce qu'on dit pour la bonne nourriture (à
laquelle vous avez à peine touché)?


- Vos mains pleines de gras, pouvez-vous NE PAS les
étamper sur la porte patio?


- Blanche, on ne grimpe pas dans l'échelle du toit!

- Non, on ne joue pas avec le boyau!

- ON PEUX-TU BAISSER LE TON!

- Chéri, je ne trouve plus Blanche...

- LA PORTE!

- Chéri, tu peux aller voir ce qu'ils font en
avant?


- Pouvez-vous ne pas écraser votre soeur pendant votre
match de soccer?


- On vient par ici, c'est chez le voisin ça!

Ça fait que... j'ai toujours une petite période où je suis quand même un peu gênée quand on est invité pour vrai là, avec la smala pour le souper pis toute. C'est encore pire quand mon beau-frère me dit:
- Heille, c'est l'fun de vous voir toute la gang. Ça-met-de-la-vie.

Stop the crap le beauf'! Merci pour le garden party. Au mois d'août, c'est nous qui invitons. Pis t'auras le droit de jouer avec le boyau et de manger autan de crème glacée au chocolat que tu voudras.

mercredi 7 juillet 2010

Le bonheur

Article majeur dans le NY Times magazine.
Avoir des enfants ne rend pas plus heureux. Au contraire même.

Année après année, c'est ce que montrent toutes les études faites sur le sujet. Dans certains cas (comme genre, en avoir plus d'un), ça rendrait même moins heureux.

Les mères sont moins heureuses que les pères,
les parents qui élèvent un enfant seuls sont les moins heureux.

Blanche pendant sa chouette période coliques

Comme l'explique la journaliste, avant l'urbanisation de la société, les enfants étaient perçus comme étant un actif pour leurs parents. Ils travaillaient aux champs à leurs côtés afin de leur permettre d'améliorer leur sort.

Avec l'économie du savoir, l'enfance est devenue un moment de la vie à chérir, à protéger, dans laquelle il faut investir. Non seulement les enfants sont aujourd'hui source de dépenses pour les parents, ils sont également des sujets qu'il faut sculpter, stimuler, instruire.

Si les enfants étaient autrefois nos employés, résume-t-elle, ils sont aujourd'hui nos patrons.

Cela est encore plus vrai chez les familles les plus scolarisées. Celles-ci passent en effet près de cinq heures par semaine dans des "activités organisées" comparativement à deux pour les familles les moins scolarisées.

Les enfants sont source de stress pour leur parents, d'angoisse, d'agressivité. Vrai pour le 0-4 ans. Encore plus vrai pour le 12-16 ans. Les devoirs seraient particulièrement générateurs de frustrations dans les familles (note à moi-même: merci mon dieu pour l'école alternative).

As-tu fait des enfants pour être heureuse Madeleine?

Paraît que c'est tabou de le dire, mais souvent, je ne suis pas heureuse avec mes enfants. Les nourrir, les ramasser, les discipliner, les laver, les superviser, les organiser, tout cela exige beaucoup de travail, de temps, d'énergie. C'est ma vie. Jour après jour après jour.

Bien sûr qu'il serait probablement plus agréable sur le moment de me trouver seule dans un spa à boire un Muscat plutôt qu'à ramasser la boîte de pâtes que Blanche a ouverte et renversée par-terre. Ou encore avec mon chum attablé à un grand restaurant de Nice ou de San Francisco plutôt que de faire l'épicerie avec deux zoufs qui courent dans les allées en hurlant. C'est pour ça mon petit sondage.

Est-ce que cela fait de moi une femme malheureuse? De ma vie un échec?

Comme on le lit dans l'article, être parent est une activité extraordinaire. Extra comme dans au-delà de l'ordinaire, mais aussi comment dans spécialement ordinaire.

C'est étrange mais le spécialement ordinaire me touche. Sacré-ment ordinaire. Un quotidien souvent plus grand que moi, sur lequel j'ai peu d'emprise et au fil des jours me voilà à élever mes oursons, à les préparer pour leur vie dans les petits gestes de la vie.

Rien de béatifiant à montrer à une petite fille de 21 mois à aller sur le pot ou à répéter pour la 5e fois à un enfant de 8 ans qu'il doit venir à table pour le repas. Les gestes ordinaire de la vie, entrecoupés aussi de câlins, de "je t'aime", de bouffée de chaleur à les voir si beaux entre deux catastrophe du quotidien.

En 1921, le psychologue Lewis Terman choisi 857 garçons et 671 fillettes qui seront suivis pendant toute leur vie. À la fin de l'étude, aucun des participants dit ne regretter avoir eu des enfants tandis que 10 affirmeront qu'ils regretteront de ne pas en avoir eu.

Devrions-nous plutôt valoriser le bonheur du moment ou l'évaluation en rétrospective de nos vies?

Est-ce que ce même bonheur devrait être l'unique mesure pour juger de la réussite d'une vie?

Je ne suis pas toujours heureuse avec mes enfants, sauf que ma vie n'a jamais eu autant de sens que depuis que j'en ai. Quatre même, depuis que j'en ai quatre. Un quotidien souvent tumultueux, bruyant, confrontant, mais qui fait que je me sens exister. Vivre.

Puis ça ben, la plupart du temps, c'est quand même pas désagréable. Tsé, tant qu'à être ici.

lundi 5 juillet 2010

Je ne suis pas une superwoman

Je fais mon pain, depuis presque deux ans. J’en avais d’ailleurs parlé ici. C’est un réel plaisir de faire cet aliment de base, cet aliment sacré. C’est très symbolique pour moi. Plein de sens. Sans compter que c’est archi économique. Pratique aussi. J’aime tester des recettes. Je suis devenue habile d’ailleurs. Rien à envier aux bonnes boulangeries.

Sauf que là, ça fait plus d’un mois que je n’ai pas fait de vraie bonne miche. Depuis le printemps, j’allume en fin de journée, quand il est presque trop tard, en me disant : " F***! J’ai oublié de faire mon pain!"

Ou encore, je l’oublie sur le comptoir entre deux levées parce que je suis partie faire autre chose. Je me suis souvent retrouvée épuisée, rêvant de mon lit, mais obligée de rester debout pour faire cuire mon &?%#$*?&%$ de pain à 23h30.

D’ailleurs, il n’est même plus bon, mon pain. Les enfants ne le mangent plus, si bien que s’accumule sur mon comptoir, une quantité impressionnante de pain sec pour faire de la chapelure.

« Je n’ai plus envie de faire mon pain. » ai-je finalement avoué à Annie.

Alors j’arrête. Je prends une pause. Ça va bien finir par revenir. Ce n’est pas parce que je prends un temps d’arrêt que je n’y reviendrai pas plus tard. J’ai juste envie d’autres choses ces temps-ci. Ou de rien, tiens. Et ce n’est pas plus grave.

Après tout, ce n'est que du pain, n'est-ce pas?

*******

Avec l’attention qu’a suscitée la parution de notre livre, je suis de plus en plus confrontée ces jours-ci à l’image de superwoman qu’on me renvoie. Ça commence par une conversation anodine autour d’une assiette de trempette, puis ça se termine immanquablement par cette remarque : « Mais comment tu fais pour (élever quatre enfants/mener ta carrière/écrire un livre/tenir un blogue/t’entraîner à la course)? PIS TU FAIS MÊME TON PAIN? Dors-tu la nuit? » Bien que flattée devant tant d’éloges, il n’en reste pas moins que je n’ai pas encore trouvé de réponse courte à cette question, celle qui me permettrait de ne pas me lancer dans une longue tirade sur mon organisation familiale, sur ma vision de la vie et sur toutes les petites choses qui font que ce n’est pas si difficile que ça en à l’air (dans la mesure où j’ai accepté que ce ne serait pas toujours facile non plus).

Il n’y a pas de réponse simple à cette question puisque la réalité est complexe, pas toujours facile à négocier, pas toujours parfaitement équilibrée. Je mentirais de dire que ça roule tout seul. Mais je mentirais également de dire que c’est de la torture. Si ça l’avait été, j’aurais lâché il y a longtemps : je suis beaucoup trop hédoniste pour ça.

Souvent, pour essayer faire plus court, je m’exclame : Ah! Je fais bien tout ça, mais je ne fais pas de ménage! Ou encore : C’est grâce à mes horaires flexibles de travail! Et finalement : C’est pas si pire: quatre enfants, c’est quasiment comme n’avoir rien qu’un…

« Ne diminue pas tes réussites! » me dit avec sagesse la belle-mère de ma sœur, elle-même mère et professionnelle.

Oui, mais je fais comment, belle-mère de ma sœur, pour expliquer que je fais juste comme tout le monde? Juste mon gros possible? Juste ce qu’il faut pour essayer d’atteindre le mieux possible ce qui ressemble au bonheur? Le vrai, là. Celui qui comble la tête, le cœur, le corps ?

****

Dans la recherche d'une réponse, et pour alimenter mon éternelle réflexion sur la maternité et le féminisme, je suis tombée sur cet article (en anglais). Il réfléchit sur la difficile question de l’équilibre travail/famille, ou, comme les auteures la nomment, de l’équilibre pouvoir/amour. Nous avons besoin des deux, disent celles qui se définissent comme des féministes de la troisième génération. Vivre, c’est constamment renégocier, faire pencher la balance un peu plus d’un côté que de l’autre, au gré des circonstances. Le parfait équilibre, lui, n’existe pas. Il y aura toujours quelques pertes. Suffit de trouver celles qui font le moins mal, en évaluant avec réalisme la situation dans laquelle on se trouve.

Ce qui me ramène à penser à mon pain, tiens. Quand je trouve un pas pire dosage entre la farine, la levure et le sel, quand je le pétris juste assez, ça lève tout seul. D'autres fois, c'est plus ardu. Il faut alors que je remette tout sur ma petite balance et que je remesure. Ou que j'attende un peu plus longtemps. Que je laisse reposer.

Et d'autres fois encore, il faut carrément que je laisse tomber. Pour y revenir plus tard. Quand les temps seront plus propices.

Mais, bien sûr, ce n'est que du pain, n'est-ce pas?

vendredi 2 juillet 2010

L'accident

Mon fils s'est blessé.
Rien de grave, mais ça nous a quand même permis de passer quatre heures dans un CLSC.

Nous sommes arrivés à 11h13. Déjà à l'accueil, on nous avertissait: deux heures et demi d'attente. Alors en bonne mère de famille je calcule. Si nous sommes chanceux, nous serons sortis vers 13h, donc on pourra toujours dîner, donc ce n'est pas si mal.

La vie ne se passe jamais comme dans mes calculs.

Bien vite, il était 13h30 et nous étions toujours en salle d'isolement mon fils et moi, couchés dans un petit lit en attendant de voir le médecin.

Et nous avions faim.

Oui, je sais bien que nous n'étions pas au restaurant. Non, je ne souhaitais pas que les infirmières de CLSC se transforment en maître d'hôtel et nous servent le repas 4 étoiles.

Sauf que.


D'une façon générale, les instances politico-administratives et les médecins accordent une importance limitée aux méthodes de restauration. Or, la restauration n'est pas qu'une fonction hôtelière et l'alimentation servie
fait partie du traitement clinique.

- Alimentation et soins nutritionnels dans les hôpitaux: comment prévenir la dénutrition

Couchée près de mon fils dans les vaps, j'ai fantasmé sur un verre de jus de pomme. Des noix. Un morceau de fromage. Me semble que l'attente aurait été plus douce. Mon fils aurait quitté son état de somnolence. Ça aurait donné un peu d'énergie à son petit corps qui en avait bien besoin.

De mon côté, ce don de nourriture, aussi frugale aurait-elle été, me serait apparu, bien au-delà des soins, d'une profonde et touchante humanité.

Du Moyen Age à la fin du XVIIIe siècle, l'hôpital est administré par des communautés monastiques. «L'alimentation est sobre mais réparatrice. C'est une alimentation spiritualisée, c'est-à-dire déconnectée autant que possible de la sensualité de la consommation. Mais il s'y rajoute une dimension spécifique: le don de la nourriture aux malades représente l'acte de charité par excellence. Il est donc généreux».

- Libération, L'hôpital conté par les menus

Octobre 2001, 20:39, CHU-St-Luc.
Je viens de donner naissance à mon premier bébé. Je suis au sommet du monde et j'ai faim! Déjà que j'avais dû manger en cachette pendant le travail... On me dit que l'heure des repas est depuis longtemps terminée. Mon chum insiste. On nous expliquera bien qu'on nous fait une faveur en nous apportant un gruau et un verre de lait.

Gruau qui expliquera à lui seul la naissance à la maison de mes trois autres babes. Après tout, Madeleine avait bien eu droit à du Commensal à la maison de naissance! Qu'est-ce qu'ils avaient compris là-bas qui échappait tant à un grand hôpital universitaire?

Seriez-vous capable de nourrir votre famille ? trois repas et deux collations ?
pour à peine plus de 4 $ par personne par jour? Des centres d'hébergement
québécois le font.

- Le Soleil, Manger mal à l'hôpital: de bien maigres budgets

Les hôpitaux. Les malades. Ça me fait penser aux vieux tiens.

J'étais quand même triste pour Albi. Préoccupée. Je trouvais soudainement ses yeux beaucoup trop grands pour son petits visage pâlotte. Son petit bras inerte bien trop frêle pour un quatre ans.

Au sortir du CLSC, mes parents, qui étaient avec les trois autres, nous avait gardé du poulet. Avec des frites et de la sauce BBQ. Je veux dire, gardé au four pendant au moins deux heures.

Ben je vais vous dire. C'est lorsque j'ai vu mon Albi déchiquetter cette cuisse en faisant plein de bruits de bouche que j'ai su que toute cette mésaventure était bel bien derrière lui. La sauce qui coulait sur son menton me montrait qu'il était déjà loin sur la voie du rétablissement.

jeudi 1 juillet 2010

Beau bolide

Annie et moi, devant un petit électroménager, on est comme deux gars devant un beau char.

Dans la cuisine d'Annie, alors que je passe chercher mon garçon qui a passé la journée chez elle.

Madeleine: Eeeeeeh... C'est quoi cet engin?

Annie (d'un air désinvolte): Ça? C'est ma sorbetière.

Madeleine: Woooooooow.

Annie: Ep. Mes parents me l'ont offert.

Madeleine (flattant l'engin): En stainless... Gé-ni-al.

Annie: Ouais. Regarde l'habita... Je veux dire le réceptacle. Je le garde au congélo. Et quand je suis prête, je mets les ingrédients dedans, je tourne le piton. Tchack. 20 minutes plus tard, on a de la crème glacée maison.

Madeleine: Woooooooow. C'est une Cuisinart?

Annie: Ouais. Selon le L'épicerie, juin 2004, c'est la meilleure.

Madeleine: Ah oui. Cuisinart. Je suis déjà vendue. J'ai un robot culinaire Cuisinart chez moi. Stainless aussi. Ça te pulvérise une carotte en 0,6 secondes.

Annie: Wooooooow.

Madeleine (d'un air désinvolte): Ep.

*******************

Alors moi, en véritable voisine gonflable, J'EN VEUX UNE!

Elle serait parfaite à côté de mon robot culinaire. Comme frère et soeur. Enfin réunis sur mon comptoir bleu.

Ep.